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Dans "Passions Vietnam"



Passions Vietnam est une revue francophone qui m'a réservé
une page dans son exemplaire d'octobre 2000.

 



En 1997, c’était l’euphorie : l’organisation du 7e Sommet de la Francophonie à Hanoi consacrait le Vietnam comme l’un des acteurs importants de la Francophonie.  Hanoi se fit belle et une signalisation trilingue fleurit à tous les coins de rue.  De même, des enseignes de magasins de Hanoi et Ho Chi Minh-Ville adoptèrent la langue de Molière en plus de celle des Nguyen.  Des guides, employés d’hôtel et autres chauffeurs furent initiés aux subtilités de la « Tieng Phap ».

Et aujourd’hui ?  Qu’en reste-t-il ?  Le Vietnam est-il vraiment francophone ?  Les chiffres sont très variables…  Adoptons celui-ci : 0,5% de la population vietnamienne parlerait français de façon courante ou occasionnelle ; ces 375 000 personnes représenteraient donc environ 0,25% des francophones dans le monde.

 

Ne nous faisons pas d’illusions : le français n’est pas, n’est plus la langue de communication au Vietnam en l’an 2000.  On écrit des poèmes en français, on chante en français, on enseigne en français, on parle français pour le plaisir…  Mais dans la vie courante, la très grande majorité parle vietnamien et anglais.  L’étranger est d’ailleurs presque toujours abordé en anglais : « hello » !  Le français est parlé sur incitation : ainsi si l’on vous entend parler français, il est probable que plusieurs personnes vous disent bonjour. 

Malheureusement, le « francophone moyen » (et particulièrement le Français) scie la branche sur laquelle il est assis, par paresse ou par timidité : il répond « hello ! » au lieu de « bonjour », dit « thank you » quand on lui rend service…  Situation vécue (une parmi tant d’autres) : un couple français s’installe à une table de restaurant.  Le serveur les salue dans un anglais hésitant, puis les entend discuter du menu en français.  Il prend alors la commande dans un français presque parfait : « Que désirez-vous ? » « I want an orange juice and a beer 333 ».  « Bien monsieur.  Autre chose ? » « No, thank you ».  Navrant…

Pourquoi s’étonner dès lors qu’il soit presque impossible de demander quoi que ce soit en français à la Vietcombank, dans un avion de Vietnam Airlines ou même à la réception de l’hôtel Métro-pole ?  Un de mes amis a collé à l’arrière de son casque un autocollant « Bonjour !  Ca va ? », et il se fait constamment saluer en français !  C’est donc bien à nous à faire le premier pas...

La francophonie au Vietnam est donc peu (et de moins en moins ?) visible, elle ne viendra pas à votre rencontre…  Il vous faudra aller la chercher, car elle est là, un peu cachée dans les cœurs et les âmes de nombreux vietnamiens.  Ils la chérissent comme un vieux bijou, dans sa boîte, et lui font prendre l’air de temps en temps.  Certains, de plus en plus ouvertement, la transmettent à leurs enfants…

 

Qui sont ces
francophones
du Vietnam ?

On pense bien entendu en premier lieu aux survivants de l’époque coloniale française.  Celle-ci ayant pris fin en 1954, c’est-à-dire il n’y a « que » 46 ans, cela fait quand même pas mal de monde, même dans un pays dont la majorité de la population est très jeune.  Ces francophones aux voix mûres âgés de 50 ans et plus sont souvent très actifs et un peu nostalgiques, dénonçant vertement la mondia-lisation et la progression de la langue anglaise, se battant contre elle en pratiquant le français et en déclamant Cyrano dans leurs clubs francophones.

L’anglais a-t-il conquis tous les jeunes ?  Non, même si actuel-lement c’est la seconde langue choisie par environ 85% des lycéens.  Depuis 1992 l’enseigne-ment du français dans les écoles a bénéficié d’un nouveau souffle…  A une époque ou l’enseignement du russe passait à la trappe et où celui du chinois ne décollait toujours pas, un programme d’enseignement intensif du français a été mis en place : les classes bilingues.

Commencé avec à peine 6 classes à HCMV à la demande de quelques parents francophones, ce programme a bénéficié d’une aide multilatérale, principalement de l’Agence Universi-taire de la Francophonie. Aujourd’hui, il y a près de 20 000 élèves dans les 687 classes bilingues du Vietnam.

Ces jeunes pousses y restent toute la journée, de la 1e primaire au Bac, pour y apprendre le français et certaines matières scientifiques en français, ainsi que (plus tard) l’anglais comme 3e langue.  Leur bac bilingue en poche, certains poursuivent leurs études dans d’autres pays francophones, les autres dans les Filières Universitaires Francophones au Vietnam.  Vous devriez les voir, nos « jeunes pousses » mais surtout les entendre !

Et entre 20 ans et 50 ans ?  Rassurons-nous, là aussi il y a des francophones actifs !  Ils sont guides touristiques, employés dans les sociétés francophones ou enseignants, et s’ils se débrouillent souvent moins bien que leurs aînés et se font parfois dépasser par leurs élèves, ils n’en sont pas moins représentants de la francophonie au Vietnam.  L’un d’entre eux m’a téléphoné l’autre jour : il m’a demandé en anglais dans quelle langue je souhaitais m’entretenir avec lui, et nous avons ensuite parlé d’informatique de pointe en français : son niveau était égal au mien !  Le paradoxe de la francophonie au Vietnam ne cessera jamais de m’étonner…

Elle mériterait de nombreux adjectifs, de « invisible » à « vivante », en passant par « hésitante » et « passionnée » : tout un programme animé par des voix mûres et des jeunes pousses…  Encourageons-les !

Pierre Gieling est formateur APEFE (Association pour la Promotion de  l'Education et de la Formation à l'Etranger, Belgique), Conseiller pédago-gique AUF (Agence Universi-taire de la Francophonie), projet "Enseignement Bilingue et Formation de Formateurs".







Page créée le 5 août 2001 -  Mise à jour le 12 août 2001

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