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Vietnam :

Ma vie quotidienne à Can Tho



Moto-boulot-dodo ?

Du lundi au vendredi... Lever vers 5h30, bien préparé par le bruit extérieur, notamment celui des haut-parleurs publics (dans toutes les rues) dès 5h. Je descendais, allumais la cafetière achetée à Saigon. J'y achetais d'ailleurs aussi les filtres en papier, introuvables à Can Tho. Gag : le premier jour, ma femme de ménage a vidé le filtre utilisé, l'a lavé avec la vaisselle puis fait sécher !

Une rue commerçante à Can Tho

Je passais à la "salle de bain" et me souvenais, amusé, des péripéties de son installation...

Remplacer le WC "à la turque" par un WC occidental ("Non, M. Thum, le bord du WC ne doit pas être au ras du sol : bouchez ce trou") et installer une douche avec mélangeur ("Non, M. Thum, je ne veux pas une douche d'eau glacée et une douche d'eau bouillante qui se croisent pour faire de l'eau tiède"). Il fallait surveiller constamment les travaux ;)  

Mais je pouvais  désormais prendre une douche le matin (et encore une à trois autres dans la journée en raison de la chaleur), sans pression d'eau et avec une température très variable...

J'en sortais (je m'essuyais pour le principe, parce que toute façon, avec la chaleur et l'humidité j'allais être à nouveau trempé deux minutes plus tard) et préparais mon plateau "petit déjeuner", à monter dans ma salle de séjour. Moment privilégié, pendant lequel je lisais le "Courrier du Vietnam" (quand on n'a aucun autre média, c'est un trésor) ou alors j'apprenais une leçon Assimil "Le vietnamien sans peine" (hem !).

Vers 6h30 ou 7h, selon les jours, je me préparais : habillage (les vêtements restaient secs quelques minutes à peine) et une seconde dose de déo. Je fermais la maison : porte grillagée à la chambre-bureau, à la terrasse et en bas (autant de serrures doublées de cadenas monstrueux). Etant original de nature, je mettais mon casque. J'enfourchais la moto et me préparais mentalement : être attentif, concentré. Une seconde d'inattention en rue ici aurait été fatale, avec cette circulation...

Trajet court (6 de mes 9 écoles étaient à moins de 5 minutes de chez moi). Le gardien de l'école me connaissait ; heureusement, car sinon je n'aurais jamais pu entrer.

Parmi la foule d'élèves, beaucoup s'amusaient encore de mon arrivée (un étranger !) Rire, moqueries gentilles, on venait me toucher et tirer les poils de mes bras si on osait : ça porte chance.

Les élèves des classes bilingues, eux, me connaissaient bien et m'entouraient, me saluaient (parfois d'une révérence très respectueuse, même les garçons).

Parfois aussi c'était la folie : "M. Pierre, ouééh !".

Gymnastique à toutes les récréations :
les Vietnamiens tiennent la forme

J'attendais l'heure du premier cours et j'entrais en classe.  L'élève chef de classe donnait les ordres :

"Levez-vous !", "Bonjour Monsieur Pierre !"

(toute la classe se lèvait et répétait)

Moi : "Bonjour les enfants, comment ça va ?"

"Ca-va-bien-merci-et-vous-Monsieur ?", etc.

Soit je parlais un peu plus avec eux, soit je m'asseyais directement dans le fond de la classe pour assister à la leçon.  Lorsqu'elle était finie, j'avais un entretien avec le professeur, pour discuter de sa méthode, de sa classe, de ses élèves. Après cet entretien, souvent constructif, je repartais pour une autre classe, dans la même école ou dans une autre.

Le jeudi était différent, c'était ma "grosse journée". Je retrouvais tous les profs d'un niveau pendant quelques heures pour les aider à préparer et pour assurer la coordination ; quand nous avions le temps, je faisais de la formation continue (ateliers pédagogiques).

Bon reprenons le rythme normal.

Celui-ci, au Vietnam, est particulier : on commence à 7h, on s'arrète de 11h à 13h, puis on reprend jusque 17h ou 18h.



Vers 11h en général, j'étais suis donc de retour chez moi pour la pause de midi. Je mangeais et m'offrais une petite sieste d'une demie-heure, dans ma chambre climatisée. Ouf ! J'échappais ainsi, pour un instant, à cette chaleur moite qui rend le travail ici vraiment pénible. L'après-midi, je repartais pour des visites ou me consacrais à d'autres tâches (papiers, etc).

Le soir, j'arrêtais le boulot vers 17h ou 18h (heure à laquelle les Vietnamiens prennent leur souper). Je me détendais, je lisais, je jouais avec l'ordi ou je terminais un petit boulot, j'écrivais... A Can Tho, à cette époque, nous n'avions pas encore Internet.

Vers 19h, j'échangeais à nouveau le short (très mal vu) pour un pantalon et un T-shirt, et je reprenais la moto (après la sempiternelle saga des cadenas et serrures). Direction : miam-miam. Au début, mes destinations étaient assez variées. Rapidement cependant je me suis encroûté et n'en ai eu presque plus qu'une : le Mékong.

Ce petit restaurant se trouve sur le quai Ninh Kieu, le petit coin "routards-touristes-expatriés" de Can Tho. Et oui, il y a des touristes à Can Tho ! Le Mékong était tenu par une famille très sympa, et forcément on a vite fait connaissance...

Quand j'arrivais, je m'installais à une table, souvent au bord du trottoir (qui sert de terrasse et de parking à motos). Pas besoin de demander : une bouteille (66cl) de bière BGI était en route, avec une chope, le menu (que j'ai réalisé en trois langues pour eux) et une serviette parfumée.

Le plus souvent, je n'avais pas le temps de me servir ma bière. S'ils n'avaient pas poursuivi (voire enfourché au passage) ma moto à mon arrivée, les gamins ne tardaient pas : "Craven A ! Tchoup-tchoup ! Massage ! Shoeshine !"

Ces garçons et filles avaient entre 6 et 16 ans et n'allaient pas à l'école. Quelques-uns étaient réellement "dans la rue", mais la plupart avaient une "famille" qui les envoyait travailler toute la journée, principalement sur le quai car c'est là que se trouvaient les étrangers.  Leurs besoins étaient simples : un peu d'argent (sinon ils étaient battus ou n'avaient pas à manger), de l'affection, des contacts, de l'amusement.

Beaucoup de gens les considéraient comme de la vermine, et il est vrai qu'ils y ressemblaient, notamment par leur attitude d'enfants qui vivent tout le temps dans la rue, sans limites, sans éducation.

Thi, que j'avais surnommé "Gaston Lagaffe"...
Il aura ensuite souvent prouvé que j'avais été bien inspiré ;)

D'autres essayaient de les aider. Avec quelques autres expatriés, je crois avoir tenté tout ce à quoi nous avons pu penser avec nos faibles moyens amateurs : promotion de la la maison des enfants des rues, une classe tous les après-midi dans une école proche, un prof que nous payions pour donner des cours d'alphabétisation sur place (dans un restaurant qui nous prêtait une salle), des petits boulots, visites dans les familles, fourniture de vêtements et de nourriture, etc.

Rien de tout cela n'a fonctionné, soit parce que les enfants ne voulaient pas restreindre leur liberté, soit parce que les parents ne voulaient pas qu'ils perdent du temps au lieu de gagner quelques centimes... La nourriture ? Si nous ne les faisions pas manger sur place, ils l'emmenaient à leur parents. Idem pour les médicaments ! Les vêtements ? Ils les revendaient au marché, voire au magasin où nous les avions achetés, pour le dixième de leur prix.

Mais le pire fut le regard de certains passants ! Une expatriée que j'avais dû vexer d'une façon ou d'une autre avait même lancé la rumeur que "j'aimais un peu trop les enfants", alors qu'elle avait été une des premières à essayer ces mêmes tentatives d'aide ! Jalouse ?

Ce fut donc une grosse déception pour nous et au bout d'un an d'efforts, nous avons abandonné, mais nous en avons retiré plusieurs choses :

La satisfaction d'avoir essayé, de leur avoir donné une chance de plus de s'en sortir ;

Des bons moments avec eux, car une fois le contact établi, ils pouvaient être sympas, charmants, amusants, serviables et assez honnêtes...tant qu'on ne les tentait pas trop et qu'on les respectait.

En ce qui me concerne, c'est avec eux que j'ai le plus appris le vietnamien, grâce à leur patience avec un étranger qui parle bizarrement ;)

Et en un sens, ça me changeait de mes classes, privilégiées par rapport aux autres classes vietnamiennes et encore plus par rapport à eux. J'avais l'impression d'être encore plus utile...

Phat, que sa mère faisait travailler
du matin au soir et qui venait
se réfugier à ma table pour
un moment de tranquillité


Reprenons le récit d'une journée typique...

Vers 21h30, les rues se vidaient et c'était flagrant à cet endroit : c'est là en effet que les Vietnamiens viennent faire leur balade du soir, toute la famille sur la moto (parfois jusque 5 personnes !), ils tournent, tournent... Fin de soirée donc, je rentrais chez moi, et une fois à la maison (cadenas, serrures,...), je m'offrais un petit verre de rouge pour le plaisir. (Cadenas, serrures,...), mise en route de la clim' et dodo...

Samedi... Et oui, boulot ! Bon, quand même, j'en avais fait pas mal pendant la semaine, je pouvais y aller plus à l'aise. Ma femme de ménage arrivait à 8h, et comme je m'étais plus ou moins habitué au bruit, je pouvais dormir jusqu'à 7h. Matinée boulot administratif, notamment l'établissement de mon horaire pour la semaine suivante, toujours un vrai casse-tête : jongler avec 42 horaires plus le mien... Après-midi souvent plus cool, repos.

Dimanche, lever aussi vers 7h en général, pour une journée repos...en général. Il n'était quand même pas rare (une fois sur trois) que je sois sollicité pour le boulot : réunion, activité parascolaire... Celles-ci commençant bien sûr souvent à 7h du matin !

Et le reste, me direz-vous ? Bon, la vie quotidienne quoi : aller à la poste chercher mon courrier, aller acheter à manger (nous avons un petit " Seven Eleven " qui a même du fromage Gouda, du jambon et du Nutella !), aller commander les boissons (apportées à domicile), etc.

Je profitais souvent de mes trajets entre écoles pour effectuer ces petites démarches courantes, qui prennaient souvent ici une autre forme ou un autre sens qu'en Belgique.

Loisirs ? Assez limités. Balades, voir les amis...

Pas question d'aller souvent à Saigon : loin, fatiguant, cher...et peu intéressant (grosse ville polluée et congestionnée). Je préférais rester dans ma petite ville sympa et profiter des réunions trimestrielles pour retrouver la civilisation (laquelle, d'ailleurs ?)



Je suis allé plusieurs fois profiter
d'une balade en bateau :
petits canaux (arroyos),
marché flottant...

Et apprécier un bon repas dans un verger,
avec la famille du propriétaire.


Sujet qui fera l'objet d'une page, aussi...
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Page créée le 27 novembre 1998 -  Mise à jour le 14 avril 2002

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